
Le bouddhisme Theravada de Thaïlande
L’histoire du bouddhisme en Thailande
Le bouddhisme en Thailande est également appelé Theravada, c’est la religion prédominante depuis les débuts de l’histoire de ce pays. Le roi Ramkhamhaeng (1292) avait mentionné qu’un moine de la province méridionale de Nakorn Sri thammarat – qui avait étudié l’intégralité du canon bouddhique Pali (ou Tripitaka) – vivait dans un temple dans le royaume de Sukhothai et était désigné comme le patriarche suprême (Pali sangharaja). Ce fut la toute première déclaration utilisée par un roi pour « légitimer » son droit de gouverner conformément aux règles bouddhistes.
Ensuite, au fil des ans, avec plus ou moins de succès, les érudits ont lutté pour donner un sens à la tradition dite canonique et aux pratiques religieuses que l’on trouve au niveau des villages. Ils ont essayé de rationaliser la présence, la persistance et la coexistence de pratiques « magiques », de croyances animistes et d’influences hindoues présentes en Thaïlande.

Dans l’histoire thaïlandaise, il a toujours existé différents mouvements religieux régionaux qui se sont formés généralement autour d’un maître charismatique. Dans les années 1830, cependant, le prince Mongkut (Rama 4), tout en étant un moine distingué, devint insatisfait de la condition du bouddhisme en Thaïlande et chercha à le réformer. Il a initié des réformes qui ont conduit à l’établissement d’un nouvel ordre (nikai), appelé le Thammayut. Mongkut s’interrogea sur l’établissement d’un espace sacré autour des temples et sur les procédures d’ordination, ainsi que sur les chants et le port de la robe, et commença à ordonner ou à réordonner des moines.
L’ordre thaïlandais, en raison de ses revendications de pureté et d’orthodoxie, a provoqué une tension durable au sein de la sangha thaïlandaise. Puis les années passèrent et l’influence de ce nikai finit par s’étendre aux pays voisins en Asie du Sud-Est et jusqu’au Sri Lanka.
Être moine en Thaïlande
Il y a environ 300.000 moines qui vivent au Pays du sourire. De Phuket à Bangkok, les visiteurs sont donc presque assurés d’en voir quelques-uns. Leurs robes jaunes et oranges, leurs tatouages tatouages traditionnels sont très reconnaissables. Beaucoup de Thaïlandais commencent leur journée en donnant des offrandes aux moines qui collectent des dons dans les rues, généralement tôt le matin.
Tout homme en Thaïlande est tenu de devenir moine pendant un certain temps avant l’âge de 20 ans. Bien que la durée prévue soit d’environ trois mois, certains ne resteront que quelques jours. La majorité des moines restent au moins quelques semaines. Les jeunes hommes le font pour recevoir un bon karma. Les Thaïlandais qui sont riches ou qui ont de l’argent sont considérés comme ayant un très bon karma. On pense que ceux qui n’ont pas d’argent se sont mal comportés dans une vie antérieure et n’ont donc pas un bon karma.

La routine quotidienne des moines dans tous les monastères de Thaïlande est à peu près la même. Les moines thaïlandais portent des robes safran et ont les cheveux rasés ou étroitement coupés. Même le roi s’est fait raser la tête quand il était moine. Au cours de leurs déambulations matinales, les moines reçoivent des offrandes de riz et de légumes par des Thaïlandais qui s’inclinent doucement lorsqu’ils les présentent.
Les moines peuvent cesser d’être moines quand bon leur semble. Beaucoup de garçons deviennent moines pour obtenir des points de karma pour eux-mêmes et leur famille. Parmi les avantages dont jouissent les moines, il y a la possibilité de voyager gratuitement dans les bus et les trains. Dans leur quête du mérite, traditionnellement, les passagers cèdent leur siège aux moines.
Il y a cent ans, les moines assumaient une grande partie des responsabilités sociales de la Thaïlande – santé, éducation, formation morale. Aujourd’hui, les moines expliquent les doctrines à la télévision et à la radio ainsi que dans les temples, prennent des cours d’informatique et font des sites Web avec des enregistrements des écritures bouddhistes. Certains monastères ont des écoles, des bibliothèques et des hôpitaux.
Le saviez-vous ?
En 2006, les moines ont reçu l’autorisation du Département thaïlandais des affaires religieuses afin d’assister à la Coupe du monde après qu’il ait été jugé que le tournoi de football avait enrichi leur éducation religieuse en les exposant aux affaires du monde.
Les moines bouddhistes féminins – nonnes – en Thaïlande
En Thaïlande, les religieuses bouddhistes peuvent accomplir les mêmes tâches que les moines et vivre dans les temples, mais elles ne sont pas liées par les mêmes vœux qu’eux. Elles sont tenues de s’asseoir avec les laïcs dans les salles de prière du temple – et non avec les moines – et doivent se conformer au tabou de ne pas toucher un moine ou les vêtements d’un moine.
En Thaïlande les nonnes ont la position la moins élevée dut à une loi de 1928 qui interdit l’ordination complète. Ceux qui soutiennent l’idée des femmes moines citent l’article 38 de la Constitution thaïlandaise, qui stipule que tous les citoyens doivent bénéficier d’une protection égale devant la loi, quels que soient leur origine, leur sexe ou leur religion.
Comment devenir un moine bouddhiste en Thaïlande ?
Si un homme décide de devenir moine, il y a plusieurs rituels et processus à suivre. Par exemple, il doit se raser la tête et les sourcils et participer à un certain nombre de cérémonies. Il exécute également des tâches quotidiennes dans le temple où il réside, comme le nettoyage ou la réception d’offrandes le matin.

Vivre en moine n’est pas une tâche facile. D’abord, il y a des centaines de règles à respecter. Certaines sont assez basiques, comme les moines qui doivent toujours porter une robe, tandis que d’autres sont plus difficiles en apparence, comme ne pas boire d’alcool ou ne pas aller nager pour le plaisir. Les moines doivent également respecter une longue liste de conditions lorsqu’ils sortent en public, par exemple, ils ne peuvent pas rire ou parler fort.
Fêtes et cérémonies bouddhistes
Beaucoup de festivals et de fêtes tournent autour de la religion. L’un d’eux s’appelle Makha Puja. Les bouddhistes se rassemblent dans les temples et allument des bougies pendant la pleine lune en février. C’est une fête nationale.
Songkran est l’une des fêtes bouddhistes les plus célèbres. C’est une gigantesque bataille d’eau qui a lieu dans tout le pays. A cette occasion, la grande majorité de Thaïlandais se rendent dans les temples afin de faire des offrandes, avant de retourner chez eux pour retrouver leur famille. Par respect et gratitude, ils lavent les mains de leurs aînés avec de l’eau parfumée aux pétales de rose et au jasmin. La croyance veut que l’eau éloigne la malchance et purifie, symbolisant l’évacuation des péchés et la malchance de l’année précédente.

Visaka Puja est une fête bouddhiste qui a lieu début mai. Elle commémore l’anniversaire de Bouddha, sa mort et son illumination. Les thaïs se rassemblent avec des bougies allumées et tournent 3 fois autour d’un temple.
Loy Krathong est l’une des cérémonies bouddhistes les plus importantes de l’année. Les thaïlandais se rassemblent autour des lacs, des rivières et des fleuves pour rendre hommage à la déesse de l’eau Ganga
Le Khao Phansa, également connu sous le nom de journée de Carême bouddhiste, marque le début d’une période de trois mois pendant laquelle les moines doivent rester au temple. Les bouddhistes viennent offrir des robes jaunes et des bougies aux moines qui ne peuvent sortir.
Asanha Puja commémore le premier sermon de Bouddha. Elle est célébrée pendant la pleine lune en juillet dans les temples dans tout le Royaume.
Une chose que les visiteurs doivent garder à l’esprit, c’est que la consommation et la vente d’alcool ne sont pas autorisées dans tout le pays pendant la plupart de ces fêtes bouddhistes.
Le bouddhisme en Thaïlande aujourd’hui
La grande difficulté que l’on rencontre en essayant de comprendre ce qu’est le bouddhisme en Thaïlande, c’est que nous essayons tous de le faire à travers ce que nous croyons être » le bouddhisme ». Il faut essayez d’adopter une approche plus sociologique et comprendre que les agriculteurs et les élites du pays se disent bouddhistes, mais qu’ils ont des approches de leur religion différentes. Par exemple, vous ne verrez pas un homme d’affaires s’orner de trentaines d’amulettes, tout comme vous ne verrez pas un agriculteur faire honneur en donnant plusieurs milliers de bahts et quelques fleurs à Ganesh.

Le problème qui se pose est que le bouddhisme en Thaïlande ne s’apparente pas au bouddhisme traditionnel. En d’autres termes, la Thaïlande et les pays voisins adhèrent non seulement aux pratiques bouddhistes, mais aussi aux religions populaires locales, à l’animisme et au surnaturel.
Le bouddhisme original ne mentionne pas les fantômes ou le surnaturel. A peu près de la même manière que le christianisme qualifie le surnaturel de démoniaque, le bouddhisme reconnaît les fantômes mais met en garde contre le fait de suivre de telles croyances car cela entraverait l’illumination qui devrait se faire par la méditation et la réalisation de soi.
En conclusion
Lors d’un voyage en Thaïlande, n’hésitez pas à visiter des temples et discuter avec des Thaïlandais pour essayer de comprendre la riche complexité de leur religion, leurs traditions et son importance dans la vie du pays.
Pour en savoir plus, découvrez ce petit guide décalé du bouddhisme en Thailande