petite fille Karen

Les tribus en Thailande, un tourisme nocif ou profitable ?

Les tribus en Thaïlande sont communément appelés « chao khao » (les gens des montagnes). La plupart de ces peuples vivent dans le nord et le nord-ouest du pays, quelques autres groupes vivent dans le nord-est, tandis que des communautés autochtones de pêcheurs et une petite population de chasseurs-cueilleurs vivent dans le sud de la Thaïlande.

Qui sont ces peuples des montagnes de Thaïlande ? 

La plupart des membres des tribus des collines qui vivent aujourd’hui dans le nord de la Thaïlande seraient originaires de la région Sino-Tibétaine qui ont ensuite émigré vers le Laos, la Chine et le Myanmar et c’est encore plus tard qu’ils sont venus s’installer dans le nord de la Thaïlande, il y a de cela plusieurs centaines d’années. Ils s’installèrent dans les hautes terres et les régions vallonnées, d’où l’expression « peuples des montagnes « .

Parmi les nombreuses communautés tribales résidant dans les collines du nord de la Thaïlande, la plupart appartiennent à sept grands groupes tribaux : Karen, Lahu, Hmong, Lisu, Akha, Palaung et Mien. Toutes les tribus en Thailande ont des coutumes, une langue, des vêtements et des croyances spirituelles qui leurs sont propres.

Les Karen

C’est le groupe ethnique minoritaire le plus important, avec une population estimée à environ 1 000 000 d’habitants. Ils vivent aujourd’hui à proximité des zones situées le long de la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar, comme Mae Hong Son, Chiang Mai et Chiang Rai.

Les Karen sont connus pour les « femmes girafes  » de la tribu des Kayan ou  Padong, un sous-groupe du peuple Karen. Ces femmes portent de longues spirales de laiton autour du cou et pratiquent cette coutume par un souci de perpétuation d’une tradition ancestrale qui remonterait au XIème siècle.

Traditionnellement, les Karen sont des animistes qui croient fermement au monde des esprits.  Les plus importants sont les esprits de « la terre et de l’eau ». Ils font appel à eux pour protéger leurs récoltes. Le chef de village est une figure très vénérée, qui conduit des rituels et qui doit être consulté pour toutes les cérémonies ou événements dans le village.

Aujourd’hui c’est presque 30% des Karen qui ont été convertis au christianisme par les missionnaires au fil des ans.  

Jolie fille Karen
Image parDean Moriarty de Pixabay

Les Lahu

Les Lahu forment un groupe ethnique indépendant et très diversifié qui compte plus de 60 000 membres en Thaïlande. Les Lahu sont situés principalement dans les provinces de Chiang Mai et de Chiang Rai, mais sont également nombreux dans la province de Tak. Leurs villages sont généralement éloignés des routes et des villes, en raison du fait qu’ils tiennent à garder leur mode de vie.

Les femmes de la tribu des collines Lahu portent traditionnellement des vestes et des jupes noires et rouges très distinctives et les hommes portent des pantalons amples verts ou bleus. Ils ont la réputation d’être d’excellents chasseurs et survivent grâce à la culture maraîchère et la production d’opium.

Bien qu’ils pratiquent principalement l’agriculture, les Lahu sont également fiers de leur héritage de chasseurs-guerriers. Ils demeurent des gens stricts et sérieux, régis par de solides principes du bien et du mal. Chaque individu du village répond à la volonté commune des anciens, ils sont toujours fermement attachés aux principes d’unité et de collaboration pour la survie. Les Lahu prônent une société assez équitable pour les hommes et les femmes.

Les Hmong

Il s’agit de l’une des tribus montagnardes les plus peuplées de l’Asie du Sud-Est et sont présents en grand nombre dans le nord du Vietnam, le nord du Laos et dans plusieurs provinces du nord de la Thaïlande.

Si vous voyagez dans ces régions, c’est l’un des groupes ethniques minoritaires que vous êtes le plus susceptible de rencontrer.

La population actuelle est estimée à environ 125 000 Hmong, ce qui en fait la deuxième minorité la plus importante après les Karen. L’ethnie Hmong est subdivisée en plusieurs « clans ». La langue, les traits culturels et surtout l’habillement peuvent varier considérablement d’un clan à l’autre.

Petite fille Hmong
Photo by Andreea Popa on Unsplash

Les Lisu

Ce nom Lisu signifie “vivante et colorée”. Ils sont facilement reconnaissables car ils utilisent une grande variété de couleurs pour décorer leurs costumes.

Les Lisu se divisent en deux sous-groupes : les Lisu rayés et les Lisu noirs. Presque tous les Lisu résidant en Thaïlande appartiennent au sous-groupe des Lisu rayés. Quant aux Lisu noirs, ils sont répartis dans différents pays d’Asie. Les Lisu de Thaïlande sont dispersés dans neuf provinces différentes : Chiang Rai, Chiang Mai, Mae Hong Son, Phayao, Tak, Kampaengphet, Phetchaboon, Sukhothai et Lampang.

Cette ethnie aime l’ordre et l’indépendance. Cependant les différentes cultures et coutumes extérieures ne sont pas toutes rejetées. Tout ce qui est nouveau doit passer par un processus décisionnel démocratique avant d’être accepté au sein de la tribu. C’est ce genre de processus qui a permis aux Lisu de s’adapter avec un certain succès.

Les Lisu considèrent l’agriculture comme leur principale source de subsistance. Leurs récoltes sont comme leurs cœurs et leurs âmes.

Les Mien ou Yao Mien

Dans les montagnes du nord de la Thaïlande, dans les provinces de Chiangrai, Nan et Phayao, il y a plus de cent villages Mien. Beaucoup estiment qu’il y a plus ou moins 30 000 Mien dans toute la Thaïlande. La culture et les croyances des Yao Mien sont étroitement liées à leurs origines chinoises.

Mais comme tout cela remonte à plusieurs siècles, il est difficile de retracer leur histoire et leur exode de la Chine vers le Laos, puis du Laos vers la Thaïlande.

Les vêtements traditionnels de la tribu des Yao Mien des collines sont d’une beauté extraordinaire. Les bijoux sont également populaires dans la culture Yao Mien. Lors d’événements spéciaux, les femmes et les enfants portent souvent des colliers et des bagues en argent ainsi qu’un ensemble complexe de chaînes et d’ornements. Les orfèvres de la tribu des Yao Mien sont réputés dans toute la Thaïlande pour leur talent impressionnant.

Les Mien cultivent généralement le maïs et le riz puis en s’adaptant à la culture et à l’agriculture thaïlandaises et ils ont appris à produire une variété de nouvelles cultures.

La culture de l’opium longtemps pratiquée est maintenant en déclin.

Les Akha

Les villages de ce peuple coloré se trouvent dans les montagnes de Chine, du Laos, de Birmanie et du nord de la Thaïlande. Il y a environ 20000 Akha vivant dans les provinces de Chiang Rai et de Chiang Mai, au nord de la Thaïlande, à haute altitude.

Sunset Thailande
Photo by Darcey Beau on Unsplash

Ces tribus ne vivent pas de leurs récoltes. Leurs principales sources de revenu proviennent de la vente de leur artisanat. Ce même artisanat qui nécessite des compétences traditionnelles utilisées depuis plusieurs générations pour fabriquer leurs propres vêtements et articles culturels.

Les femmes Akha filent le coton sur un métier à pédales pour pouvoir ensuite produire des vêtements. Quant aux hommes, eux ils produisent divers objets décoratifs en bambou et en graine, des arbalètes, des instruments de musique, des paniers et d’autres articles en bois et rotin.

Les Akha sont un groupe très superstitieux, qui croit fermement au monde des esprits. À chaque entrée et sortie des villages, une « porte pour les esprits » est dressée afin de délimiter le monde des esprits de celui des hommes. Ces portes sont si sacrées qu’elles ne doivent pas être touchées par les humains, cela perturberait les esprits et porterait malheur à tout le village. L’autre particularité unique à l’entrée de leur village, ce sont les sculptures en bois presque grandeur nature d’un homme et d’une femme qui symbolisent le monde humain.

Les Palaung

C’est le groupe ethnique le plus récent à être arriver en Thaïlande. Ils sont venus du pays voisin, la Birmanie, d’où ils sont l’un des peuples indigènes les plus anciens de ce pays. Au cours des 20 dernières années, ils ont fui les États Shan et Kachin pour échapper aux persécutions et à l’oppression des dirigeants militaires de la Birmanie. Beaucoup de Palaung en Thaïlande sont obligés de vivre dans des camps de réfugiés.

Comme beaucoup d’autres en Birmanie et en Thaïlande, les Palaung sont théoriquement bouddhistes, ils pratiquent encore diverses formes de rituels animistes issu de leur passé religieux. Le rituel le plus célèbre est celui du « culte de la nature ». Ils croient que les esprits habitent des objets inanimés comme les rochers, les montagnes et les rivières, ainsi que les esprits des ancêtres décédés.

Outre les traditionnelles cultures classiques, les Palaung ont récemment commencé à vendre de l’artisanat aux touristes pour compléter leurs revenus. C’est particulièrement le cas dans le nord de la Thaïlande, où de nombreux tour-opérateurs et guides accompagnent les randonneurs dans les villages de Palaung. Ce type de tourisme se pratique également dans une moindre mesure en Birmanie. Ils vendent, entre autres, des sacs à bandoulière, des portefeuilles, des tissus tissés à la main et des vêtements faits à la main. Le visiteur peut passer la nuit dans certains de ces villages, qui disposent de cabanes en bois de base mais confortables qui ont été spécialement construites pour accueillir les touristes.

Est-il éthique de visiter ces tribus en Thailande?

L’essor du tourisme a eu, et a encore, un impact indéniable sur notre monde. Au fur et à mesure que les citoyens des pays développés gagnent en pouvoir d’achat, ils s’aventurent de plus en plus loin avec leurs dollars et leurs attentes.

Bien sûr, tout le monde aime cette sensation de découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles cultures et d’explorer de nouveaux endroits. Mais il est important d’être conscient de l’effet que nous avons sur les lieux que nous visitons. Partout où nous allons, nous laissons une empreinte : économique, environnementale mais aussi avec nos mots, nos attitudes, nos idées – et le poids de cette empreinte est proportionnel à la taille du lieu que nous visitons.

Comment le tourisme peut-il profiter à ces peuples des montagnes ?

Le tourisme crée des emplois qui permettent aux populations locales de vivre et de travailler dans leur village d’origine et de garder leur famille unie.

Le tourisme peut aussi favoriser la valorisation des traditions culturelles, en veillant à ce que les coutumes, les vêtements et les croyances autochtones soient maintenus et continuent à se renforcer et à évoluer.

Cela permet également de développer de nouvelles infrastructures et de nouveaux investissements. Le développement peut améliorer les services de santé et les services de voyage, ainsi qu’inciter à l’afflux de produits de meilleure qualité. Mais l’avantage le plus important du tourisme est peut-être le fait qu’il offre des possibilités d’accroître la compréhension entre les groupes de personnes : l’échange culturel qui peut avoir lieu entre des personnes d’origines et de situations très différentes a le potentiel d’être instructif des deux côtés.

Jungle en Thailande
Photo by Marcin Kaliński on Unsplash

Le tourisme peut-il être nocif pour ces tribus en Thaïlande ?

Ici, en Thaïlande, et dans de nombreux autres pays, le secteur du tourisme, est responsable de nombreuses et graves violations des droits de l’homme. Bien connu pour son vaste et florissant commerce du sexe, le nombre de  » touristes sexuels  » continue d’augmenter d’année en année, malgré les tentatives du gouvernement d’écraser cette industrie toxique. Cela, bien évidement, favorise la traite à des fins d’exploitation sexuelle des jeunes filles issues des communautés locales frappées par la pauvreté.

Mais au-delà de ce problème, le tourisme peut être nocif de bien d’autres façons. Nombreux sont les touristes à être profondément voyeuristes dans leur façon de voir les peuples autochtones. Il en résulte souvent une banalisation des repères culturels, de sorte que les pratiques religieuses et culturelles, les festivals sont aseptisés pour attirer et impressionner les touristes.

Souvent, la cupidité des investisseurs incite à des pratiques contraires à l’éthique qui peuvent même inclure des violations des droits de l’homme telles que la perte de leurs terres, des salaires d’exploitation misérables. Et ainsi, les communautés qui cherchaient à tirer du profit du tourisme, se retrouvent paralysées, piégées par celui-ci.

Que faut-il faire ?

C’est un vieux dilemme pour les voyageurs et qui fait encore l’objet de nombreux débats : visiter les tribus des montagnes parce que les locaux dépendent directement du tourisme, ou ne pas visiter pour éviter de les exploiter davantage. Hélas nombreux sont les autochtones de ces tribus des montagnes à ne pas avoir obtenu la citoyenneté. Pour eux, les options pour gagner leur vie sont assez minces : cela se limite à l’agriculture ou le tourisme.

Est-ce que l’éco-tourisme est la solution ?

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